(Manu Payet, Situation amoureuse : c'est compliqué)
Il nous l’avait confié, Manu Payet « n’en menait pas large » dans la voiture qui le conduisait de son hôtel à la toute première projection de son film, lors du dernier Festival de l’Alpe d’Huez en janvier. Quelques heures plus tard, après avoir entendu les rires de la salle, puis avoir reçu le grand prix du jury présidé par Dany Boon, l’acteur devenu réalisateur était redescendu des Alpes avec beaucoup plus de certitudes et beaucoup moins de céphalées. Près de deux mois après, Situation amoureuse : c’est compliqué, sort en salle en ce 19 mars. Après avoir conquis l’Alpe d’Huez, Manu Payet et son coréalisateur Rodolphe Lauga, s’attaquent désormais à l’ensemble des salles du pays.
Au début de Situation Amoureuse : c’est compliqué, on entend à la radio, Blast FM, tu tenais à faire ce clin d’œil à Radiostars ?
Manu Payet : « En fait, pendant le montage, on savait que Juliette (Anaïs Demoustier) allait écouter la radio chez elle et je me suis dit et si on mettait Blast FM. On était content de faire ce petit clin d’œil à Radiostars.
Rodolphe Lauga : « Non seulement pour l’hommage, puisque ce sont des amis, mais c’était drôle de faire vivre Radiostars et cette radio fictive dans un monde parallèle ».
Radiostars, a-t-il eu une influence sur ta volonté de réaliser ton film ?
MP : « Pas vraiment, j’avais déjà entamé l’écriture de ce film avant Radiostars, en revanche c’est pendant ce tournage que j’ai rencontré Rodolphe, il était le chef Steadycamer. J’avais tellement envie de faire un film cool, kiffant, comme j’ai envie de les voir moi, je savais donc que j’allais avoir besoin de quelqu’un, d’un regard extérieur, d’un type qui sache rentrer 8 jours de tournage en un seul, parce que c’était un petit budget. Quand j’ai vu Rodolphe, je me suis dit, c’est ce gars-là, c’est obligatoire que ce soit lui ».
(Rodolphe Lauga et Manu Payet, Situation amoureuse : c'est compliqué)
Qu’est-ce qui t’a alors poussé à écrire et réaliser ?
MP : « Ce sont mes producteurs, ils m’ont proposé d’écrire une histoire, j’ai dit d’accord. Au fil de l’écriture, ils m’ont soumis l’idée de réaliser, parce qu’ils estimaient que ça me ressemblait beaucoup. J’ai eu un petit moment d’inconscience où j’ai dit OK, mais un tout petit, parce que quand j’ai vu tout ce que ça impliquait, je me suis dit le mec est complétement fou, il a dit oui (rires) ».
« Ben oui, c’est moi, je suis comme ça, mais c’est un peu chiant (rires)…mais ma mère trouve ça génial ». (Manu Payet)
Un premier film est très souvent personnel. Est-ce que Ben, ce type sympa, doux, avec ces valeurs d’amitiés et d’amour, très sensible en somme, te ressemble ?
MP : « Ben oui, c’est moi, je suis comme ça, mais c’est un peu chiant (rires). J’ai toujours été un peu ce gars-là, avec ma Vanessa à moi, la star du collège. Ca n’a jamais été un atout, de dire je suis sensible ne l’a pas fait revenir mais plutôt partir avec le surfeur (rires). Mais ma mère trouve ça génial. Je ne voulais surtout pas écrire un film trop personnel, qui ne concerne que moi, je suis trop pudique pour ça, mais en revanche ce type de fille on l’a tous connue. Rodolphe, c’était comment la tienne ? »
RL : « Carole Berthier… »
MP : « C’est génial, parce que dans la tête de ce gars, il y a Carole Berthier, il faut faire un film. Je me suis rendu compte en écrivant, que même les filles avaient une Carole ou une Vanessa dans la tête, parce que c’était la star et du coup, nous les mecs, on ne regardait qu’elle ».
(Rodolphe Lauga, Manu Payet, Anaïs Demoustier et Jean-François Cayrey, l'équipe de Situation amoureuse : c'est compliqué au festival de l'Alpe d'Huez)
Dans votre film, Vanessa est jouée par Emmanuelle Chriqui. Au cours d’une scène, elle glisse à l’oreille de Ben un langoureux « You’re amazing ». Il faut reconnaître qu’à sa place, on aurait tous eu le frisson de l’hésitation.
RL : « Je me souviens au montage, j’ai milité pour ce plan, qui est au final tel quel dans le film. Derrière le combo, on regardait tous Emmanuelle en faisant ouahhh…C’est un truc qui te parle ».
MP : « Imagine si c’est la vraie meuf, qui revient de ton passé de collégien, elle t’a jamais calculée et elle finit par te dire ça un jour dans la rue…Evidemment on est pas des cinglés, restés coincés dans notre passé, mais c’est simplement qu’il y a ce petit truc qui n’appartient qu’à nous, ou au mec de ton bahut que tu recroises un jour par hasard. Je trouve ça génial, on reste connecté avec des gars que l’on ne voit plus grâce à une meuf et ça me fait toujours sourire ».
« On regardait tous Emmanuelle en faisant ouahhh… ».
(Rodolphe Lauga)
Ben est à la croisé des chemins, entre grandir et cette nostalgie du passée.
MP : « Il y a aussi une histoire d’amitié, parce que s’il y a cette fille, il y a des copains, un prof, un collège, une musique, nous c’est Goldman, y a tout ça qui va avec, dans les souvenirs de chacun. C’est pour ça qu’il y a Spin Doctors, Depeche Mode, c’est nos trucs à nous, oui c’est de la nostalgie ».
RL : « Comme disait Manu, quand tu es ce genre de type, nostalgique, sensible, tout ça t’empêche parfois de grandir. Notre film résume bien ça, le personnage de Ben entre le début et la fin, va devenir adulte, mais pour grandir, il va devoir régler ce problème avec sa Vanessa ».
MP : « Je crois que c’est aussi une chance de recroiser cette fille, Ben a cette opportunité, pour boucler ce dossier. C’est vrai que ça fout un peu le bordel dans sa vie, mais c’est une chance, de la revoir, ça nous ferait du bien de nous dire qu’elle est moche, grosse, qu’elle à 1000 enfants, que son mec c’est un relou et que nous on est cool ! (Rires) ».
(Manu Payet, Situation amoureuse : c'est compliqué)
Le film propose de très beaux seconds rôles comme ceux de Jean-François Cayrey et Philippe Duquenne en beau-père complétement cinglé.
MP : « Philippe est génial. C’était vraiment notre challenge de trouver le mec qui allait être capable d’interpréter Armand, père de Juliette et surtout un fou. Ce n’est pas donné à tout le monde en comédie de savoir faire ça. Dans son regard, il a un côté terre à terre, premier degré, il te dit le truc le plus dingue du monde, tout en étant persuadé. Philippe à cette connerie, pas d’être con, mais celle qui va te tuer de rire par terre, comme un Jean Carmet par exemple. On ne pouvait pas, ne pas croire ce qu’il te disait, il était à 100% là, Philippe à ça ».
RL : « D’ailleurs vous verrez, moi qui cadre le film, sur chaque vanne de Philippe ça bouge. Ce n’est pas toujours facile de réaliser et de cadrer pour cette raison particulière ».
C OFF : Lors de sa venue au Festival de l’Alpe d’Huez en janvier, Manu Payet a bien évidemment pu accéder à la salle de projection…mais ça n’a pas toujours été le cas : « le tout premier film que j’ai fait, c’était celui de Gad Elmaleh (Coco) et il était présenté à l’Alpe. Moi je découvrais tout. Je descends au Palais des festivals pour la projection et les mecs à l’entrée, qui pour C’est compliqué m’ont souri, ne m’avaient à l’époque pas laissé rentrer en me disant, "ah non Monsieur, désolé c’est une soirée privée". Mais cette année je suis bien rentré ».
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