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Le crash taste week-end de François !

François Cau, journaliste et critique pour So Film et Rue 89, rejoint cpasducinema. Aussi poilu que Chuck Norris, aussi espiègle que Leatherface et aussi sensible que Yamazaki Asami au terme d’une Audition, il vous délivrera chaque week-end son Crash Taste de films. Qui passe à la disqueuse ?

 

Vous pouvez également retrouver François Cau sur son blog.

Sorties DVD :

Braquo saison 3 d’Abdel Raouf Dafri

Dès  que  le scénariste  d’Un Prophète (yeah !)  et  de  Gibraltar (MEH)  arrête  de se  prendre  pour Michel Audiard en collant des phrases toutes faites dans les bouches de ses personnages, cette tentative de polar hardboiled  made  in  France  commence  enfin  à ressembler  à  quelque  chose.  Au sortir  d’une saison  2  en forme de catastrophe épique, Abdel Raouf Dafri s’écoute un peu moins écrire et réussit haut la main toute l’intrigue consacrée à la mafia Vory V Zakone – en particulier le personnage de Levani Jordana, magnifique spécimen de salopard ambigu. Le scénariste a bossé son sujet, et l’a efficacement intégré à un univers qui commençait furieusement  à tourner  en rond  jusqu’à s’enfoncer  dans  le sol. Braquo saison  3  en  est  une nouvelle preuve éclatante : Dafri n’est jamais aussi bon que quand il s’approprie le réel pour lui donner les atours de la fiction.

9 mois ferme d’Albert Dupontel

Enfin, la conjoncture astrale réunit public, critique, et même l’académisme des Césars pour honorer le talent hors normes d’Albert Dupontel, sale gosse d’un  cinéma français qui,  avec sa lâcheté  coutumière, se sent obligé de l’adouber  à la seule grâce de ses 2 millions d’entrées. L’auteur  endosse  à nouveau la  défroque d’un laissé pour compte déviant et plein de bonnes intentions, mais c’est pour mieux laisser la part belle au personnage féminin. La filmographie de Dupontel est truffée de femmes fortes, indépendantes, amazones, autant de guides essentiels qui révèlent l’antihéros (toujours interprété par Albert) à lui­même. 9 mois ferme inverse ce processus, et dédouane de fait le metteur en scène de sa folie esthétique ostentatoire. Passé une habituelle séquence d’intro où la caméra voltige pour enfoncer son protagoniste principal dans le chaos, la réalisation se fait plus discrète, les coups d’éclat moins forcés. 9 mois ferme est un objet furieusement drôle, à l’insolence diffuse. Albert Dupontel gagne à s’abandonner aux femmes.

Prince of Texas de David Gordon Green

Réalisateur de comédies trash (Délire Express, Votre Majesté, Baby­sitter malgré lui) pour le  compte des ados  de  la  bande  à  Judd  Apatow,  mais  aussi  d’un  superbe  remake  officieux  de  La  Nuit  du  Chasseur (L’Autre  Rive),  David  Gordon  Green  délaisse  momentanément  le  faste  hollywoodien  pour  s’en  aller magnifier en plein Texas rural la complémentarité entre deux acteurs au sommet de leur art, Paul Rudd et Emile Hirsch. Prince of Texas ne raconte pas grand­chose, juste une amitié naissante entre deux fêlés en cavale de la vie urbaine, mais il le fait divinement bien, avec l’aide précieuse de sa bande originale planante signée Explosions in the Sky.

Les Rencontres d’après Minuit de Yann Gonzales

Entre sublime et ridicule, en tout cas avec une audace des plus louables, ce premier long­métrage explore le large spectre  du  baroque  tant  dans son  écriture  que  dans sa mise  en forme.  Quelques  idées  géniales (le jukebox émotionnel) côtoient des égarements dialogués malvenus, l’humour et la gravité y cohabitent à la diable ; en définitive, le récit donne la fâcheuse impression de ne jamais savoir où il va. Le réalisateur pose une  ambiance  envoûtante  et  ne  sait  pas  quoi  en  faire,  et,  logiquement,  Les  Rencontres  d’après  Minuit s’excite beaucoup mais bande désespérément mou.

Tip Top de Serge Bozon

Dans  un  portrait  croisé  des  Inrocks  du  réalisateur  et  de  sa  scénariste  Axelle  Ropert,  mémorable  de complaisance  et  de  satisfaction  de  l’entre­soi,  il  était  révélé  que  Serge  Bozon  n’aime  pas  imaginer  ou raconter,  qu’il laissait  «  ça  »  à sa  comparse  –  un  aveu  d’impuissance terrible, mais  apparemment  pas si grave pour une presse certaine. Tip Top est la tétanisante démonstration qu’a priori, Bozon n’aime pas non plus mettre en scène. D’une laideur repoussoir, cadré et monté à la truelle, le film dévide son intrigue en forçant le décalage pour bien nous montrer qu’il est au­dessus de tout ça. Tip Top, c’est un cinéma par et pour ceux qui s’estiment trop intelligents pour ce que le peuple nomme cinéma, de la comédie par et pour ceux qui n’ont aucun respect pour l’humour.

Tag(s) : #crash taste
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