Le crash taste week-end de François !

François Cau, journaliste et critique pour So Film, se fait une manucure dans cpasducinema. Aussi cocasse que Kev Adams, coquin comme Linda Lovelace et trognon comme un Ewok, il nous livre chaque week-end son Crash Taste de films. Qui reveut un chamallow à la guimauve ?

Show me a hero de David Simon
La nouvelle série de David Simon (The Wire) voit le spectaculaire, lui serre la main et lui indique poliment la porte. Entre ses multiples scènes de conseils municipaux houleux, Show me a hero semble s'égarer dans sa multiplication de personnages secondaires, de points de vue parfois redondants, mais un minimum de recul suffit pour contempler l'ensemble de cette mosaïque dévolue à démontrer l'échec du politique. Ce qui rend la démonstration encore plus cruelle, c'est son ancrage dans de véritables convictions et un engagement citoyen poussé. L'idéalisme n'est rien face au populisme, telle est la réalité du terrain, le constat froid de cette reconstitution fictionnelle tout sauf aimable, synecdoque cruciale du zeitgeist politique.

Freaks of nature de Robbie Pickering
Avec son casting de trognes télévisuelles légèrement défigurées et un pitch humant fort l'ironie, Freaks of Nature avait tout pour devenir le Scouts Guide to the Zombie Apocalypse du semestre, aussitôt vu, aussitôt oublié. La peste soit des préjugés post Red Band Trailer. Robbie Pickering croit un minimum à l'univers qu'il décrit et, en ces temps obscurs de cynisme et de méta à la petite semaine, ça change presque tout. Ça en ferait presque oublier que le climax est tout de même trèèèèèès largement inspiré de celui de The World's End d'Edgar Wright, QUAND BIEN MÊME la voix de Werner Herzog y cite du Billy Joel dans le texte.

These final hours de Zak Hilditch
Comment passer après le Melancholia de Lars Von Trier dans la description d'une humanité condamnée ? Parfaitement, c'est impossible. La tentative de Zak Hilditch s'avère honorable, agréable à regarder (ce qui est presque un comble, vues les circonstances), mais ne peut tenir la comparaison.

Assassination classroom de Hasumi Eiichirô
Un extraterrestre tentaculaire jaune fluo, avec une tête en forme de smiley, impose de devenir le professeur d'une classe d'élèves en difficulté, juste après avoir fait un gros trou dans la lune. Lesdits élèves auront tout le loisir d'essayer de le tuer au cours de leur année de cursus, au terme de laquelle, en cas d'échec de leur part, la Terre disparaîtra. Satan bénisse le Japon pour son réservoir a priori inépuisable d'idées branquignoles. Lucifer maudisse les exécutifs nippons lorsqu'ils choisissent un autre réalisateur que Sono Sion pour donner un semblant de vie à ces délires ravalés, en l'absence d'une quelconque vision, à leur seule dimension grotesque.

Le Labyrinthe : la Terre Brûlée de Wes Ball
NORMALEMENT, on devrait en avoir bientôt fini avec ces sagas pour jeunes ados, insupportables et interchangeables, toutes plus mal racontées les unes que les autres. Comment en est-on passé d'une bande d'eunuques en plein entraînement à Super Meat Boy à un post-apo avec des zombies chelou ? Très bonne question, à laquelle le réalisateur prend bien le soin et le temps de ne pas répondre, probablement pour conserver un peu de mystère en désespoir de cause. Et encore, c'est sûrement lui prêter bien trop de libre-arbitre.

Superfast 8 de Jason Friedberg et Aaron Seltzer
Vous connaissez le duo Friedberg & Seltzer ? C'est en grande partie à cause de ces tocards que le genre parodique est désormais l'équivalent de Tobias Beecher dans la première saison de Oz, un objet pathétique, passé par tous les outrages, qui reprendra peut-être un jour du poil de la bête en déféquant dans la bouche de ses oppresseurs. La seule bonne nouvelle de ce cru 2015, c'est que le dénuement de sa production design et l'approximation du casting trahissent des budgets toujours plus modestes. Les pauvres bichous sont à deux doigts du crowdfunding raté.