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Le crash taste week-end de François

François Cau, journaliste et critique pour So Film et Rue 89, rejoint cpasducinema. Aussi poilu que Chuck Norris, aussi espiègle que Leatherface et aussi sensible que Yamazaki Asami au terme d’une Audition, il vous délivrera chaque week-end son Crash Taste de films. Qui passe à la disqueuse ?

 

Vous pouvez également retrouver François Cau sur son blog.

Nymphomaniac volume 1 de Lars Von Trier
La première partie du seul vrai choc cinématographique de 2014 so far s'offre à la redécouverte objective, quatre mois après les polémiques, les pétages de plomb grotesques de Shia LaBeouf, et une mémorable critique des Inrocks qualifiant l'œuvre de crime contre l'humanité. Alors, Nymphomaniac donne-t-il envie d'envahir la Pologne ou d'exterminer des bébés éléphants à la batte de base-ball ? Bien sûr que non, tout juste brusque-t-il le cinéphile blasé dans sa zone de confort. Un Lars Von Trier transfiguré par sa crise de foi et ses épisodes dépressifs multiplie les dispositifs cinématographiques s'annulant les uns les autres, sous couvert d'une fausse provocation qui n'est en définitive qu'une crudité tout à fait raccord avec son sujet. Toujours à deux doigts de tomber dans le misérabilisme manipulateur d'un Haneke, d'un Seidl ou d'un Reygadas, Lars Von Trier cherche avant tout à faire du cinéma et à laisser le champ libre à des multiples interprétations, loin de tout didactisme.

Oldboy de Spike Lee
Triste destin que celui de Spike Lee, hier voix d'une génération et aujourd'hui simple exécutant dévolu aux projets laissés de côté par des plus grands que lui (Spielberg, pour le coup). A défaut de pouvoir imprimer sa marque à ce projet de remake stérile, il confirme tout juste le sentiment que les Américains sont de gros incultes qui ne savent pas comment lire des sous-titres, et qui se sentent obligés de payer plus de dix fois le budget du film original pour se donner de la prestance, ou de tripler la longueur de son morceau de bravoure pour compenser on ne sait trop quoi. Triste, vain, et moins pertinent que Zinda, le remake Bollywood non officiel du film de Park Chan-wook, ce qui est tout de même un exploit en soi.

Albator, corsaire de l'espace de Shinji Aramaki
Êtes-vous familiers avec cette impression de mort cérébrale ressentie en fixant les yeux vides de personnages animés en 3D ? Les Américains ont baptisé cet excès de réalisme larvé « uncanny valley », qu'on pourrait traduire par « vallée dérangeante ». Cette adaptation façon space opera pompier des aventures du capitaine corsaire démarre en plein cœur de cette vallée et s'y installe un peu plus de scène en scène. Quelques visions inédites flattent occasionnellement la rétine, mais se perdent dans un manque d'émotion glacial et un scénario abscons.

Grand Piano de Eugenio Mira
Il faut louer la volonté d'Elijah Wood de se frotter au film de genre, et en particulier à ses représentants espagnols. Mais ce postulat de court-métrage fendard inutilement étiré jusqu'à sa très décevante conclusion ne lui donne strictement rien à bouffer niveau acting, sinon des simagrées gênantes et l'embarras visible de se faire passer pour un maestro. La caméra d'Eugenio Mira s'agite par peur du vide, et meuble tout ce qui peut l'être.

Auschwitz de Uwe Boll
Non content d'être l'un des pires réalisateurs en activité (en grande partie à cause de son cynisme), Uwe Boll est un fou furieux. En 2011, sottement complexé par ses origines allemandes et le poids de l'Histoire en raison des remarques de ses détracteurs les plus idiots sur Internet, Boll décide de tourner non pas un, non pas deux, même pas trois, mais bien quatre films sur fond d'Allemagne nazie : un biopic académique et chiant comme la pluie sur un boxeur (Max Schmeling), un film de genre pas terrible et son atroce parodie avec une obèse dans le rôle principal (Bloodrayne et Blubberella) et enfin cet Auschwitz, mix entre des témoignages de lycéens sur la Shoah et des reconstitutions crapoteuses des pires saloperies commises dans les camps de concentration, tournées dans les mêmes décors que ses deux films d'exploitation précédent, ce qui en dit déjà long sur l'opportunisme malsain de la démarche. Avec sa grossièreté artistique coutumière, Uwe Boll confond monstration et voyeurisme, malaise et complaisance, comme pour démonter par l'absurde le principe même du devoir de mémoire.

Hors limites de Andrzej Bartkowiak
Cette ressortie Bluray permet de se confronter à un véritable morceau d'histoire. En l'occurrence, le début de la période « street cred » de Steven Seagal, où ce dernier s'acoquinait avec des rappeurs / acteurs pour rester dans le game. À l'époque, les films de Steven sortaient en salles. Steven était encore en bonne condition physique et ne déléguait pas ses scènes de combat à des doublures affublées de cruelles perruques. Steven y croyait, et les plus fous croyaient encore en Steven. La postérité retiendra surtout Hors Limites pour cette réplique essentielle de la geste seagalienne, à se passer en boucle pour accompagner le premier café de la journée. C'est cadeau, mais ne me remerciez pas, remerciez Steven.

 

Tag(s) : #crash taste
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