The Immigrant de James Gray
En sortant de La Nuit nous Appartient, la tentation de voir en James Gray l’égal d’une Sofia Coppola était plus que jamais dévorante : et si le bonhomme, tout talentueux metteur en images soitil, avait au final déjà fait le tour de ce qu’il avait à raconter ? Le somptueux Two Lovers avait rassuré, et la réussite quasi intimidante de The Immigrant nous confirme que James Gray est bel et bien l’un des metteurs en scène cruciaux de notre époque. Sombre sans jamais louvoyer avec le misérabilisme, d’une maîtrise sans failles dans sa direction d’acteurs – Marion Cotillard parvient même à faire oublier sa mort dans The Dark Knight Rises , d’une émotion jamais affectée en dépit de sa facture esthétique glaciale, The Immigrant rejoint les rangs serrés des films historiques dont la portée universelle est immédiatement perceptible. Chefd’œuvre, le mot est lâché.
Capitaine Phillips de Paul Greengrass
Avec ce snobisme caractéristique des salopards sans cœur qui écrivent des chroniques DVD, j’étais prêt à descendre ce film en flèche sous prétexte qu’il arrivait après l’excellent Hijacking de Tobias Lindholm sur EXACTEMENT le même sujet (la prise d’otage d’un cargo par des pirates somaliens). Mais parfois, la raison l’emporte sur la pose, d’autant que les deux films s’avèrent précieusement complémentaires dans l’approche psychologique de leur récit respectif. Tandis que Hijacking isolait chacun des protagonistes et surlignait leur écrasante solitude face à une menace mouvante, Capitaine Phillips joue de la confrontation humaine entre le père de famille et l’orphelin du monde, entre l’acteur confirmé et l’acteur amateur. L’exercice de style, grâce à la mise en scène immersive de Greengrass, échappe à la démonstration et captive.
Hunger Games 2 de Francis Lawrence
Il fau encourager Hollywood, ce gamin pourri gâté jusqu’à la nausée, dès que de faibles signes d’amélioration pointent le petit bout de leur nez. Ainsi, ce successeur d’un blockbuster hideux à la direction artistique catastrophique tire le meilleur parti possible de son cahier des charges bancal et assume, de façon assez étonnante pour être soulignée, son discours en forme de précis révolutionnaire à destination de la jeunesse endormie. Que les bouffeurs de rouges ravalent leur bave écumante, la lecture marxiste s’efface au profit d’une ode parfois euphorisante à la résistance. L’anti Twilight, en somme.
Welcome to the jungle de Rob Meltzer
Ce remake gentillet du Severance de Christopher Smith, voyant des employés d’une agence de pub tenter de survivre en milieu hostile, serait sympathique s’il ne mettait autant de cœur à humilier ce pauvre Jean-Claude Van Damme qui, depuis son ahurissante contreperformance dans l’inédit peu recommandable Enemies Closer, tente a priori de nous démontrer qu’il n’en a plus rien à foutre. Ou alors, il enchaîne peut être les appels au secours. Dans les deux cas, ce n’est vraiment pas beau à voir.
Last Vegas de Jon Turteltaub
Pour les naïfs et autres enfants de six ans qui pensaient que Robert De Niro ne pouvait pas descendre plus bas, attendez donc de voir cette scène où l’horrible Stefan Gordy de l’atroce groupe de synthèse LMFAO frotte son slip moule burnes sur sa tronche infortunée : terrifiante vision du cynisme de notre temps, souillant ce qu’il reste de dignité à tout un pan de l’histoire du cinéma. Par amour et surtout respect pour Robert De Niro, brûlons tous ses nouveaux films. Vite.
Thor : le monde des ténèbres d’Alan Taylor
Il y a UNE séquence amusante dans cette séquelle, lorsque Loki s’amuse à changer d’apparence pour énerver son frangin, et UNE séquence dont l’atrocité pousse à détourner le regard, lorsque Benicio Del Toro se couvre de ridicule en campant le personnage du Collectionneur en amorce du générique de fin. Le reste n’est que remplissage en attendant Avengers 2. Un remplissage à 170 millions de dollars.