Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Le crash taste week-end de François !

François Cau, journaliste et critique pour So Film et Rue 89, rejoint cpasducinema. Aussi poilu que Chuck Norris, aussi espiègle que Leatherface et aussi sensible que Yamazaki Asami au terme d’une Audition, il vous délivrera chaque week-end son Crash Taste de films. Qui passe à la disqueuse ?

 

Vous pouvez également retrouver François Cau sur son blog.

Sorties DVD :

Alabama Monroe de Felix Van Groeningen (Cesar du meilleur film étranger)

L’un des rares chefs­d’œuvre de 2013. A la fois sublime histoire d’amour, pur mélodrame contournant habilement le piège du pathos à la grâce de sa sublime énergie du désespoir, passionnant débat entre élan mystique et cartésianisme, retour aux sources chorales de la musique bluegrass, Alabama Monroe est un

hymne à la vie hanté par la mort. La somptueuse scène finale, terrible symbiose de tous ces éléments, élève le film en geste de cinéma d’une noblesse infinie.

Gravity d’Alfonso Cuaron

Cette expérience monumentale, avancée incontestable plaçant définitivement Alfonso Cuaron dans les rangs serrés des metteurs en scène dessinant le cinéma de demain, survit­elle au passage sur petit écran ? Oui, dans la mesure où l’esprit peut enfin passer outre la sidération et focaliser son attention sur l’architecture organique d’un récit bien moins simple qu’il ne veut le laisser croire. Fort de sa maîtrise visionnaire, Cuaron parvient à matérialiser un concept intangible – la gravité, donc – pour mieux le transformer en enjeu dramatique. La fluidité de la réalisation rééduque en permanence notre regard, le rend avide d’autres tours de force artistiques de ce niveau.

Parkland de Peter Landesman

Ce pompeux récit choral autour de l’assassinat de Kennedy n’est qu’un pénible défilé de seconds couteaux hollywoodiens, venus montrer à la caméra à quel point ils peuvent avoir l’air triste dans l’adversité. Tout est lourd, pesant, tout le monde fait la gueule, tout le temps. Dès qu’il commence vaguement à se passer

quelque chose du côté de la famille de Lee Harvey Oswald, le montage enchaîne sur l’une de ses dix sous­-intrigues amorphes et peut avoir raison de n’importe quel spectateur un minimum résistant.

Le Cœur des Hommes 3 de Marc Esposito

Il ne faut pas se réjouir du malheur des autres, mais puisqu’en cas de succès, le redoutable Marc Esposito avait prévu pas moins de deux autres suites aux tribulations stériles de ces intolérables beaufs misogynes patentés, applaudissons, célébrons, célébrons un box­office qu’on qualifiera de poli pour ce troisième volet, de loin le pire de la « saga » à tous les niveaux.

 

Ressorties DVD :

Robocop de Paul Verhoeven

Pour notre époque gangrenée par le politiquement correct le plus hypocrite qui soit, le récent remake de José Padilha, malgré ses compromissions visibles comme le pif au milieu de la tronche, fait figure de blockbuster honnête. En comparaison de son modèle original de 1987, c’est un Bisounours timoré qui se

cache derrière le rideau dès qu’il a dit un gros mot. Le film de Paul Verhoeven prend tout le mauvais goût caractéristique des années 80, le malaxe malicieusement pour le recracher en produit malpoli, outrancier, radical. Par sa violence traumatisante et son second degré destructeur, Robocop anticipe avec une terrifiante acuité le cynisme d’aujourd’hui.

Persona d’Ingmar Bergman

Il est des images d’Epinal cinématographiques a priori insurmontables. Pour Bergman, c’est l’austérité, le silence contemplatif, la longue souffrance tue en plan fixe ; une certaine représentation biaisée de son Septième Sceau, en définitive. Persona, film de sa renaissance cinématographique au sortir d’une double pneumonie qui faillit l’emporter, peut à lui seul dissiper bon nombre de malentendus sur son travail et encourager la découverte de sa filmographie. D’une liberté inouïe, le film expérimente tous azimuts sur sa bande­son, ses cadres, ses éclairages, ses effets de montage troublés, reliefs cabossés d’une intrigue de plus en plus contaminée par la folie. Soyez tarés : osez Bergman.

Tag(s) : #crash taste
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :